Héritage : le nouveau moteur du pouvoir d’achat en France?
Parmi les leviers qui déterminent aujourd’hui le niveau de vie des Français, un facteur s’impose de plus en plus nettement : l’héritage. Loin d’être une simple aide ponctuelle, il est devenu un élément structurant du pouvoir d’achat. Dans un contexte marqué par des prix immobiliers en flèche et un coût de la vie toujours plus élevé, disposer d’un patrimoine familial peut tout changer.
🏠 Le patrimoine transmis, plus puissant que le salaire ?
Ce n’est plus un secret pour les économistes : la richesse en France ne vient plus uniquement du travail. D’après l’Institut des politiques publiques (IPP), près de 60 % du patrimoine des ménages est hérité. En clair, la trajectoire économique d’un individu dépend autant — sinon plus — de ce qu’il reçoit que de ce qu’il gagne.
Un appartement transmis par les parents ? C’est l’assurance de ne pas payer de loyer et de dégager un budget plus large pour vivre. Une aide pour un apport immobilier ? C’est l’opportunité d’acheter dans un marché saturé. À l’inverse, sans héritage, même les revenus confortables ne suffisent plus toujours à épargner ou à investir.
👶 Les jeunes, grands perdants du jeu ?
Ce phénomène accentue les fractures générationnelles. Tandis que les baby-boomers ont massivement acheté dans les années 1970-80, leurs enfants et petits-enfants arrivent sur un marché où les prix ont doublé, voire triplé, dans certaines grandes villes. Résultat : l’accession à la propriété repose de plus en plus sur le soutien parental… ou sur l’attente d’un héritage.
“Sans les 40 000 euros que mes grands-parents m’ont légués, je n’aurais jamais pu acheter à Toulouse”, témoigne Camille, 32 ans, professeure des écoles. “Mon salaire est correct, mais avec un loyer à 900 euros, je ne pouvais rien mettre de côté.”
💬 Un sujet tabou… mais de plus en plus politique
Si l’héritage devient un pilier du pouvoir d’achat, la question de sa fiscalité divise. Doit-on taxer davantage les grosses transmissions ? Réduire les inégalités par un impôt sur le patrimoine ? La classe politique avance sur des œufs. En France, 7 personnes sur 10 sont opposées à une hausse des droits de succession, y compris parmi les jeunes.
Pourtant, les inégalités liées à l’héritage risquent de se creuser encore, et avec elles, le sentiment d’injustice. Certains économistes, comme Thomas Piketty, plaident pour une taxation plus progressive, ciblée sur les héritages les plus importants, et un système de dotation universelle à 25 ans pour rééquilibrer les chances.
⚖️ Héritage ou méritocratie ?
La montée en puissance de l’héritage comme facteur de niveau de vie soulève une question de fond : vivons-nous encore dans une société où chacun peut “réussir” par le travail seul ? Pour beaucoup, la réponse est de moins en moins évidente. Et dans un pays attaché à l’égalité des chances, ce constat ne peut laisser indifférent.
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